Lorsque l’on cultive un potager, il n’est pas rare de faire face à l’invasion d’insectes nuisibles, de maladies ou encore d’épuisement du sol. Pourtant, il existe une solution simple à mettre en place pour limiter tous ces inconvénients : il s’agit de la rotation des cultures. Devenez incollable sur cette technique culturale, de sa définition à sa mise en pratique.
Qu’est-ce que la rotation des cultures ou assolement ?
Définition de la rotation des cultures
L’expression parle d’elle-même, il s’agit tout simplement de déplacer une culture d’une parcelle à une autre dans votre potager, d’une année sur l’autre.
Le terme « assolement » est également utilisé pour définir cette technique. Il est dérivé du mot « sole » qui désigne la division en parties égales des terres labourables pour un domaine agricole.
3 bonnes raisons de pratiquer la rotation des cultures dans votre jardin potager
Préservez l’équilibre du sol
La terre est constituée de nombreux composants minéraux (azote, phosphate, potassium) et d’oligo-éléments (fer, magnésium, zinc, etc.) dont les plantes se servent pour grandir. Or, ces dernières n’ont pas toutes les mêmes besoins et ne prélèvent donc pas forcément les mêmes éléments. En cultivant toujours les mêmes légumes dans la même parcelle, un déséquilibre minéral va se créer, et le sol s’appauvrira progressivement.
La seule façon de compenser cet effet sera alors de faire des apports réguliers d’engrais. Sinon, une solution bien plus naturelle est d’alterner l’emplacement de vos cultures.
Gardez vos légumes en bonne santé
En cultivant vos plantes toujours dans la même parcelle, année après année, vous augmentez petit à petit le risque de voir apparaître des maladies comme le mildiou, ou de faciliter la prolifération d’insectes ravageurs tels que le doryphore ou encore le taupin, dont les larves peuvent être dévastatrices.
En pratiquant l’assolement de votre potager, vous privez ainsi les maladies et les nuisibles des éléments indispensables à leur bon développement.
Limitez les interventions dans votre potager
Saviez-vous que les légumes que vous cultivez dans vos parcelles jardinent pour vous ? Eh oui, les racines des végétaux ont une action directe sur le sol : ceux à longues racines travaillent le terrain en profondeur, tandis que les plantes aux racines superficielles l’aèrent. Il devient alors moins nécessaire, voire inutile de bêcher ou de labourer votre potager tous les ans.
De même, comme nous l’avons vu, en évitant le déséquilibre minéral du sol, vous n’aurez plus à apporter d’engrais dans les parcelles.
Enfin, les légumineuses comme la vesce commune (Vicia sativa), la fèverole (Vicia faba), le pois (Pisum sativum), la gesse cultivée (Lathyrum sativus) et la lentille (Lens culinaris) permettent de contrôler la prolifération des mauvaises herbes (adventices) grâce à leur pouvoir couvrant sur le sol. La pomme de terre joue également un rôle bénéfique dans cette lutte contre le désherbage.
Comment organiser la rotation de ses cultures ?
Avant de parler de la rotation des légumes, il est important de préciser que ces derniers sont divisés en quatre familles :
- Les légumes-feuilles qui comprennent les salades, l’épinard, le cresson, le chou, etc. et qui ont de gros besoins en azote.
- Les légumes-racines intègrent les panais, carottes, radis, betteraves ; mais également les bulbes potagers (échalote, oignon, ail…) et les tubercules (pommes de terre, topinambour, crosne du Japon, hélianthe, poire de terre …). Ils travaillent la terre en profondeur (surtout la pomme de terre).
- Les légumes-graines, aussi appelés légumineuses ou fabacées, sont intéressants pour leurs grains comme la fève, le
haricot, le pois, les lentilles, etc.). Ils ont le très grand avantage de capter l’azote de l’air pour le restituer dans le sol, permettant ainsi de le fertiliser sans engrais.
- Enfin, les légumes-fruits englobent les plantes comme la tomate, le poivron, le melon, la courgette, l’aubergine, etc.).
La rotation des cultures va donc consister à alterner ces différentes familles de légumes dans les parcelles de votre jardin potager. Le plus simple est donc de diviser ce dernier en 4 parties égales et d’y répartir ensuite les légumes en fonction de vos besoins, tout en respectant un schéma précis.
En effet, la rotation doit suivre un ordre particulier afin d’optimiser ses effets sur vos cultures :
- Dans une première parcelle, installez d’abord les légumes-graines. Ceux-ci alimenteront le sol en azote.
- La parcelle numéro 2 contient les légumes-racines.
- Les légumes-fruits sont plantés dans la troisième parcelle.
- Enfin, dans la dernière parcelle, cultivez les légumes-feuilles qui profiteront, l’année suivante, de l’azote fixé par les légumineuses.
Ensuite, année après année, il suffira de remplacer un type de légume par un autre, tout simplement. Dans un premier temps, pour vous y retrouver, n’hésitez pas à réaliser un plan de votre jardin potager et d’y noter l’emplacement de vos cultures. Vous trouverez quelques idées de tableaux de rotation dans la dernière partie de l’article.
Délais de culture
Afin de limiter la prolifération des maladies et des nuisibles, chaque légume possède un délai avant de pouvoir être replanté au même endroit. Voici une liste non-exhaustive :
- Ail : 5 ans
- Aubergine : 5 ans
- Betterave : 3 ans
- Carotte : 4 ans
- Céleri-branche : 4 ans
- Concombre : 4 ans
- Courgette : 3 ans
- Échalote : 5 ans
- Épinard : 4 ans
- Haricot : 2 ans
- Laitue : 2 ans
- Melon : 4 ans
- Navet : 4 ans
- Oignon : 5 ans
- Persil : 1 an
- Poireau : 5 ans
- Pois : 4 ans
- Poivron : 3 ans
- Pomme de terre : 4 ans
- Radis : Aucun délai
- Tomate : 2 ans
Tableau de rotation des cultures
Une image valant mille mots, vous trouverez dans les illustrations suivantes des exemples de répartitions de parcelles et de rotation de cultures. L’idéal est de diviser en sous-portions chaque parcelle du potager. Il sera alors plus simple de décaler la zone de culture des légumes réclamant un délai de 5 ans.
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